Situation de crise à la Silicon Valley Bank – Thomas Truffer
La Silicon Valley Bank, 16ème banque américaine, a été fermée par les régulateurs financiers américains le 11 mars 2023, en raison de tentatives infructueuses de lever plus de capital. La semaine dernière sa valorisation diminuait de 60% provoquant une chute sectorielle du S&P d’environ 5%, impliquant la perte de plusieurs milliards de dollars.
Cette nouvelle a secoué l’industrie bancaire, car la Silicon Valley Bank était connue pour être un acteur majeur du financement des startups et des entreprises innovantes. La banque s’était considérablement développée au fil des années, mais elle avait également pris des risques importants. En effet, elle était grandement exposée aux obligations du Trésor et cette exposition s’est transformée en pertes suite aux augmentations des taux directeurs de la FED.
Ces pertes ont grandement atteint sa capitalisation et provoqué une grande inquiétude parmi ses clients et ses partenaires. D’abord, les clients ont commencé à retirer leurs liquidités pour les transférer sur d’autres comptes ce qui a alimenté les craintes de bankrun chez ses partenaires. Une méfiance autour de la SVB s’est donc généralisée, alimentant la volonté des clients de retirer les liquidités. En parallèle, la méfiance du secteur bancaire envers SVB était renforcée par les difficultés rencontrées par le secteur de la tech aux USA. En 2023, on dénombre 68 000 licenciements dans ce secteur rien qu’au mois de janvier.
Les régulateurs ont fermé la Silicon Valley Bank en raison de son manque de capitalisation, qui la rendait vulnérable aux risques financiers. La SVB représentait près de la moitié des start-ups aux Etats-Unis mais cette fermeture a également eu un impact significatif sur le marché bancaire mondial car elle avait étendu ses activités à l’échelle mondiale. La banque avait des filiales dans plusieurs pays, dont la Chine, l’Inde, le Royaume-Uni et l’Allemagne.
La fermeture de la Silicon Valley Bank est un événement marquant pour l’industrie bancaire et peut devenir un tournant historique en matière de régulation bancaire aux Etats-Unis. En effet, cette fermeture a démontré l’importance de la gestion prudente et responsable des risques pour les banques qui travaillent avec des entreprises innovantes et à forte croissance. Alors que les dépôts aux Etats-Unis sont habituellement assurés à hauteur de 250 000$ par compte – ce qui représente 3% des dépôts de la SVB – la FED a annoncé que l’entièreté des dépôts serait couverte. Cette décision vient remettre en cause une régulation mise en place pour éviter ce genre de faillite aux conséquences dramatiques. Cette intervention n’ouvre-t-elle pas une brèche vers un sentiment d’impunité bancaire ? Nous sommes en droit de nous interroger sur l’interprétation que les banquiers américains en feront : quelles que soient les risque pris, la FED s’y substituera. Quand on sait que la supervision des banques locales américaines a déjà été allégée par l’admin Trump, on peut craindre que ce sauvetage, bien que nécessaire, ne donne un signal favorable à des prises de risques inconsidérées.