La création de communautés (manager, junior) – Titouan Martel

Imaginez une entreprise où les managers échangent des astuces de leadership comme on échange des recettes secrètes, et où les juniors partagent leurs idées avec l’enthousiasme de collectionneurs de philatélistes. Plutôt sympa, non ? C’est exactement ce qui se passe quand on forme des communautés dynamiques au sein d’une organisation.

Dans le monde professionnel d’aujourd’hui, créer des communautés de pratique n’est pas juste tendance. Ces groupes, qu’ils soient composés de managers expérimentés ou de jeunes talents pleins d’idées fraîches, sont des lieux de partage, d’apprentissage et d’innovation. Selon la recherche, ces communautés améliorent la collaboration, stimulent l’engagement et boostent l’innovation. Alors, comment les mettre en place efficacement ? C’est ce que nous allons explorer.

 

Pourquoi les communautés sont importantes ?

Les communautés de pratique sont des groupes de personnes qui partagent un intérêt commun et se réunissent régulièrement pour échanger des connaissances et des expériences (Wenger, 1998). Ces groupes permettent aux membres de développer des compétences, d’améliorer les processus internes et de favoriser une culture d’innovation. Dans une organisation, les communautés de managers et de juniors répondent à des besoins différents, mais elles contribuent toutes deux à renforcer la cohésion et la performance de l’entreprise.

 

Les Communautés de managers : un lieu de partage et de leadership

Les managers sont souvent à la tête de l’implémentation des stratégies et de la gestion des équipes. Créer une communauté de managers permet de :

  • Partager des bonnes pratiques : Les managers ont beaucoup à gagner en échangeant leurs expériences et en apprenant les uns des autres. Selon Wenger et Snyder (2000), ces communautés facilitent le partage des connaissances tacites, comme les meilleures pratiques de gestion et les stratégies pour surmonter les défis communs ;
  • Développer le leadership et le mentorat : Une communauté de managers est un excellent espace pour le mentorat. Les managers plus expérimentés peuvent guider leurs pairs moins expérimentés, renforçant ainsi les compétences de leadership à tous les niveaux (McDermott & Archibald, 2010) ;
  • Renforcer la cohésion interne : En réunissant des managers de différents départements, ces communautés créent un espace où les objectifs de l’organisation sont alignés, favorisant une meilleure compréhension et une plus grande collaboration (Cross & Parker, 2004).

 

Les Communautés de juniors : un Tremplin pour l’apprentissage et l’innovation

Les juniors, souvent au début de leur carrière, apportent une énergie et des perspectives nouvelles à l’organisation. La création de communautés de juniors présente plusieurs avantages :

  • Accélérer l’apprentissage : Les juniors apprennent mieux lorsqu’ils sont intégrés dans des groupes où ils peuvent observer et participer activement (Lave & Wenger, 1991). Une communauté de juniors est un cadre idéal pour cela, permettant aux jeunes employés de se former rapidement en échangeant avec leurs pairs et en apprenant des expériences des autres.
  • Favoriser l’innovation : Sans les contraintes de l’expérience et souvent plus ouverts aux nouvelles idées, les juniors peuvent apporter des perspectives fraîches et innovantes. Les recherches montrent que les communautés de jeunes employés encouragent la créativité et l’expérimentation, éléments cruciaux pour l’innovation (Brown & Duguid, 1991).
  • Créer des réseaux et du soutien social : Une communauté offre un espace où les juniors peuvent construire des réseaux professionnels solides, échanger des conseils et se soutenir mutuellement, ce qui est crucial pour leur développement de carrière (Nahapiet & Ghoshal, 1998).

 

Comment créer et gérer des communautés efficaces

Pour créer des communautés de managers et de juniors qui fonctionnent bien, il est important de suivre quelques stratégies clés :

  1. Définir des objectifs clairs : Chaque communauté doit avoir des objectifs spécifiques qui répondent aux besoins de ses membres. Pour les managers, cela pourrait être le développement de compétences de leadership, tandis que pour les juniors, cela pourrait être l’apprentissage et l’innovation (Wenger, McDermott, & Snyder, 2002).
  2. Encourager la communication et l’engagement : Utiliser des outils numériques et organiser des réunions régulières sont des moyens efficaces pour maintenir l’engagement des membres et faciliter le partage de connaissances (Cross, Borgatti, & Parker, 2002).
  3. Favoriser un leadership participatif et l’auto-organisation : Dans les communautés de managers, un leadership participatif est essentiel, tandis que les communautés de juniors bénéficient d’une structure où chaque membre peut prendre des initiatives et proposer de nouvelles idées (Stewart et al., 2008).
  4. Évaluer et ajuster en continu : Mesurer régulièrement l’efficacité de la communauté à travers des feedbacks et des analyses participatives permet de s’assurer qu’elle continue de répondre aux besoins de ses membres et de l’organisation (Wenger et al., 2002).

Bibliographie :

Argyris, C., & Schön, D. A. (1978). Organizational Learning: A Theory of Action Perspective. Reading, MA: Addison-Wesley.

Brown, J. S., & Duguid, P. (1991). « Organizational Learning and Communities-of-Practice: Toward a Unified View of Working, Learning, and Innovation. » Organization Science, 2(1), 40-57.

Cross, R., & Parker, A. (2004). The Hidden Power of Social Networks: Understanding How Work Really Gets Done in Organizations. Harvard Business School Press.

Cross, R., Borgatti, S. P., & Parker, A. (2002). « Making Invisible Work Visible: Using Social Network Analysis to Support Strategic Collaboration. » California Management Review, 44(2), 25-46.

Lave, J., & Wenger, E. (1991). Situated Learning: Legitimate Peripheral Participation. Cambridge: Cambridge University Press.

McDermott, R., & Archibald, D. (2010). « Harnessing Your Staff’s Informal Networks. » Harvard Business Review, 88(3), 82-89.

Nahapiet, J., & Ghoshal, S. (1998). « Social Capital, Intellectual Capital, and the Organizational Advantage. » Academy of Management Review, 23(2), 242-266.

Putnam, R. D. (2000). Bowling Alone: The Collapse and Revival of American Community. New York: Simon & Schuster.

Stewart, R., Manz, C. C., & Sims, H. P. (2008). « Teamwork and Group Dynamics. » In Business Dynamics: Systems Thinking and Modeling for a Complex World. New York: McGraw-Hill.

Wenger, E. (1998). Communities of Practice: Learning, Meaning, and Identity. Cambridge: Cambridge University Press.

Wenger, E., McDermott, R., & Snyder, W. M. (2002). Cultivating Communities of Practice: A Guide to Managing Knowledge. Boston: Harvard Business School Press.

 

 

 

 

 

Wenger, E., & Snyder, W. M. (2000). « Communities of Practice: The Organizational Frontier. » Harvard Business Review, 78(1), 139-145.