La Genèse d’Hector – Episode 2/4 : Les jardiniers en colère
Hector reprit le chemin, plus curieux que jamais à l’idée de ses futures rencontres.
Hector reprit le chemin, plus curieux que jamais à l’idée de ses futures rencontres.
Le jour suivant, il arriva dans un jardin des plus surprenants. C’était un jardin sans harmonie, où d’un côté les fleurs s’épanouissaient avec grâce et la terre germait de mille plants, quand, de l’autre, des sillons apparemment stériles exhibaient des racines séchées par le soleil. Quatre jardiniers s’attelaient à la tâche. L’un avec sa bêche, l’autre avec son arrosoir, le troisième avec sa brouette et le dernier avec son sécateur. Hector n’avait jamais vu des hommes travailler si dur. Ils couraient d’un bout à l’autre du jardin sans souffler, ne levaient jamais le nez ni ne s’adressaient la parole.
Hector s’approcha du premier et lui demanda si tout allait bien. Il lui répondit, en marmonnant, que ce jardin était une plaie, qu’il faisait le travail des autres et que ça ne pouvait pas durer, puis continua à bêcher avec plus de force encore. Hector s’approcha du deuxième qui lui répondit, en grinçant des dents, qu’il était impossible de travailler dans ces conditions, qu’il devait tout faire lui-même et qu’il était incompris, puis repartit à toute allure remplir son arrosoir. Le troisième répondit sensiblement la même chose que ses compères. Et le dernier expliqua à Hector qu’il aimerait lui aussi bêcher, arroser ou encore se servir de la brouette mais que personne ne l’écoutait.
« Fascinant » se dit-il.
Le lendemain à l’aube, quand les quatre hommes arrivèrent aux portes du jardin, ils eurent la surprise de trouver une fontaine à eau, à côté d’un charmant salon de jardin où quatre fauteuils se faisaient face. Leurs installations individuelles aux quatre coins du jardin avaient disparu. Ce matin-là, Hector les attendait avec un thermos de café et quelques chouquettes.
Il les regarda s’installer autour de la table et ne dit rien. Après quelques chouquettes et regards gênés, l’un deux lança « Ca sent la pluie. Il sera bientôt temps de semer ». Un autre poursuivit « Mmh…Vrai. Il faudrait finir de bêcher avant ». Un troisième « Et si nous bêchions tous ensemble aujourd’hui, pour mieux semer demain ? ». La conversation s’anima, chacun avait de bonnes idées et apprenait de son voisin. A la fin du thermos, ils avaient organisé leur travail pour les mois à venir, et bizarrement se sentaient plus légers que jamais. Ils finirent par se tourner vers Hector, l’air intrigué « Au fait, vous aviez quelque chose à nous dire ? ». Hector sourit et reprit la route en les saluant de la main.