L’impact croissant du changement climatique sur l’industrie de l’assurance en France : un appel à l’action collectif
Le changement climatique exerce une pression inédite sur l’industrie de l’assurance en France : les coûts des catastrophes climatiques, qui s’élevaient à un milliard d’euros par an dans les années 80, ont été multipliés par 10 en 2022. Le défi est majeur pour ce secteur.
Face à cette tendance alarmante et aux nombreux impacts, plusieurs actions apparaissent indispensables pour garantir la résilience de l’industrie de l’assurance.
L’explosion des coûts liés aux catastrophes climatiques :
La CCR1 et Météo-France ont publié les résultats de leur étude sur l’impact du changement climatique sur le coût des catastrophes naturelles jusqu’en 2050. Cette étude simule les conditions météorologiques en France métropolitaine jusqu’en 2050 en se basant sur deux scénarios du GIEC2 :
- Le scénario RCP3 4.5, conforme aux objectifs de l’accord de Paris,
- Le scénario RCP 8.5, le plus pessimiste, qui suppose une poursuite de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre à leur rythme actuel.
Les résultats soulignent une augmentation significative des coûts associés au réchauffement climatique, mettant en avant l’importance de la modélisation pour aider les régions à se prévenir et à s’adapter aux risques climatiques.
En 2022, le coût estimé des catastrophes naturelles s’élevait à près de 3,5 milliards d’euros, avec une première estimation pour 2023 autour de 900 millions d’euros. La sécheresse géotechnique ressort comme le danger le plus inquiétant, en raison des dommages importants qu’elle génère et de leur probable augmentation dans le futur.
La CCR prévoit une augmentation d’environ 40 % de la sinistralité liée aux périls couverts par le régime Cat Nat (inondations, sécheresses, submersions marines, vents cycloniques, tremblements de terre) d’ici 2050 en raison du changement climatique, et jusqu’à 60 % si l’on intègre l’évolution des enjeux assurés.
Cette véritable explosion des coûts met à l’épreuve la capacité des assureurs à suivre le rythme et soulève des inquiétudes quant à l’assurabilité future de nombreuses propriétés.
Tendances mondiales et refus d’assurance aux Etats-Unis et en Australie :
Aux États-Unis, certaines compagnies d’assurance refusent désormais de couvrir de nouveaux clients en raison de l’augmentation des tempêtes, inondations et incendies. Les prix des assurances ont augmenté de 9% en moyenne en 2022 dans tout le pays. L’Australie, quant à elle, a enregistré une augmentation de plus de 14% des prix des assurances.
Mesures prises par l’industrie française de l’assurance :
Les assureurs français font face à des risques de plus en plus difficiles (inondations, les orages de grêle, sécheresses et vagues de chaleur, incendies de forêt, érosion côtière et submersion marine, …) à prévoir en raison du changement climatique. Ils se tournent vers des mécanismes de réassurance et de mutualisation des risques pour faire face à ces défis complexes. Cependant, des actions significatives restent nécessaires, notamment des innovations en matière de produits d’assurance pour s’adapter aux nouveaux risques.
Le rôle du gouvernement et les discussions sur un impôt pour la solidarité :
La Banque Centrale Européenne encourage les compagnies d’assurance à mieux couvrir les risques climatiques, mais des mesures plus substantielles sont requises par ces institutions. La question de la création d’un impôt pour financer la solidarité face aux catastrophes naturelles est complexe mais en cours de discussion. Actuellement, une part de solidarité existe déjà dans les contrats d’assurance, mais des discussions sont en cours pour éventuellement augmenter cette contribution.
Éducation du public et prévention :
Il est crucial d’éduquer le public sur les risques climatiques et de renforcer la résilience des bâtiments face aux catastrophes naturelles. Les collectivités territoriales et les élus ont un rôle majeur à jouer dans la promotion de mesures préventives.
Face à l’augmentation des risques climatiques, la gestion des catastrophes naturelles en France nécessite une approche collaborative. Les assureurs, le gouvernement et le public doivent œuvrer ensemble pour relever ces défis croissants.